Résumé :
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Ancien déporté d’Auschwitz, Elie Buzyn s’est fait enlever, en 1956, le matricule que les Allemands avaient tatoué sur son bras. À sa place, aujourd’hui, une cicatrice blanche, plissée, comme une brûlure ancienne, la marque d’un fer. Le bout de peau avec le tatouage, Elie l’a gardé précieusement, enveloppé dans un mouchoir. Mais un jour, on lui vole sa veste avec, dans sa poche, le précieux "parchemin". Ce jour-là, le monde d’Élie s’effondre. Non seulement le passé remonte (la mort de son frère, abattu sous les yeux de sa mère, l’exécution de ses parents le jour même de son tatouage) — mais surtout la disparition de la marque du bourreau met à jour une blessure symbolique plus profonde, une aliénation plus sournoise, caractéristique de la perversité de la solution finale. Elie est convaincu qu’on lui a volé son existence en lui volant ce bout de peau, alors même que c’est cette marque qui l’a privé de sa vie, il y a soixante ans. Il vit comme une trahison ce qui devrait être une délivrance, comme le lui suggèrent sa femme, ses enfants, ses amis... La perte de ce tatouage ne l’a-t-elle pas arraché définitivement à l’emprise des camps, en le ramenant à un état antérieur, d’avant le nazisme ? Pour Élie la question est autre : comment transmettre son histoire sans cette preuve ?
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